Ici vous avez TOUTES les difficultés idiomatiques du latin. Si vous les maîtrisez, vous arriverez vraiment à lire n’importe quel texte sans problème 👍

C’est quasiment du niveau C2 – pour peu que classer l’apprentissage d’une langue non-parlée dans un système moderne ait un sens quelconque…

Dans tous les cas, j’ai vraiment essayé de vous retranscrire tout ce qui à moi m’a semblé idiomatiquement très différent de nos langues romanes modernes, et ce sur quoi il faut vraiment se foutre un coup de pied au cul quoi 😂😂


1. souvent, à la place de : magister habet discipulos, vous aurez discipuli sunt magistro.

Donc cette tournure, il faut l’assimiler, car elle est omniprésente.

2. Ut, cum, quod, ça c’est aussi difficile. Ce sont les diffficultés majeures pour lire une longue phrase.

3. Les trois sortes de complétives: prop. inf. / ut + subjonctif/quod. 

en français, ces trois complétives sont toujours introduites par que ou de, et c’est ça qui fait qu’elles sont difficiles à différencier. 

– Je dis que tu es beau (prop. inf., car c’est déclaratif: on énonce simplement un fait)

dico te esse pulchrum. 

– Je veux que tu fasses cela (la, on voit le subjonctif, comme en latin, qui indique qu’il y a une volonté dans le verbe principal)

Volo ut facias id. 

– Je suis content que tu sois beau (ici, il n’y a pas de volonté, mais une émotion/un sentiment: on ne mettra donc pas ut, mais quod: me satisfacit quod es pulcher. Littéralement: je suis satisfait du fait que tu es beau. / Le fait que tu es beau me rend content. 

Si l’on ne parle pas latin ou que l’on ne fait pas un thème (c’est-à-dire écrire latin), en fait le problème ne réside que dans les prop. inf: comme elles sont absolument omniprésentes, il faut réussir à lire cet accusatif avec un verbe à l’infinitif et que ça devienne une seconde nature. Sinon les phrases deviennent pénibles, et je pense que c’est une des grandes difficultés de l’apprentissage du latin au lycée. 

C’est une tournure qui n’existe plus dans aucune langue latine moderne, et c’est un peu difficile, quoi…

La deuxième difficulté quant au quod, c’est qu’il est soit complétif, soit signifie ‘parce que’.

Je vous remplacerai toujours quod par quia, même s’il est beaucoup plus fréquent.

4. Les phrases interrogatives. Elles ne sont pas hyper difficiles, mais elles utilisent des tournures qui n’existent plus dans les langues modernes: num es-tu vraiment .  -ne (qui se met à la fin du premier mot)  nonne: n’es-tu pas vraiment (mais finalement, celui-ci est juste la négation de -ne donc…)

5. Le subjonctif qui exprime aussi le conditionnel: pour atteindre une compréhension totale du latin, il faut pouvoir repérer un verbe au subjonctif tout de suite, et ça demande de quand même beaucoup lire! 

Ensuite, une fois que l’on maitrise ça, il faut voir si c’est bien un ordre qui est donné, ou si l’on a affaire à un conditionnel: quomodo intellegam utrum … an…: comment comprendrAIS-je si … ou si…

Je ne sais pas si ça peut vous aider beaucoup, mais moi je me disais que, quand je voyais un subjonctif dans une principale, il y avait assurément une nuance relative à une ‘subjectivité’ de l’énonciateur:

donc après c’est: 1. Probabilité?? Attenuation ?? (Conditionnel: comment pourrais-je comprendre… quomodo intellegam…) ou :

2. volonté, ordre, souhait … eant ad mensam et edant! (Qu’ils aillent a table et qu’ils mangent!)

En gros, voilà, si on subsume (mot latin 😂 : prendre par le dessous, donc inclure dans une catégorie plus générale) le conditionnel et le subjonctif dans la notion de subjectivité (quelle qu’elle soit) du locuteur, je trouve que peut aider …

6. – Connaître les terminaisíons du passif : dans les langues modernes, elles n’existent plus mais sont remplacées par l’auxiliaire être et avoir:

amatur je suis aimé. Amabamur: nous étions aimés etc.

  • Et une fois qu’on les connaît, il faut distinguer entre le passif et le réfléchi: souvent amor = je m’aime. 
    En fait, ce n’est pas exactement du réfléchi mais plutôt du ‘moyen’: intermédiaire entre l’actif et le passif = faire quelque chose ‘pour’ ou ‘en lien’ avec soi.

Certains vont peut-être penser que ça n’a aucun sens de rentrer dans des explications aussi précises, mais selon moi c’est exactement l’inverse:

de même que l’on fait de l’étymologie lexicale, on fait de l‘’étymologie grammaticale ‘, si vous voulez. Appréhender des nuances qui ont disparu dans notre langue maternelle permet d’élargir le ‘soubassement linguistique universel ‘ … et c’est un des grands intérêts des langues anciennes.

Peut-être même le plus grand, je sais pas…

Ce soubassement qui s’enrichit plus qu’en apprenant n’importe quelle langue européenne moderne.
Mais le processus n’est pas opposé, il est plutôt complémentaire.

7. Les nuances ‘d’indéfinité’: quisquis, quisvis, quislibet, quicumque. Il y en a beaucoup mais ils ont tous le même sens, donc bôf…

Je trouve que ça semble compliqué, mais ce n’est pas transcendant pour une compréhension d’un texte…

cependant on peut inclure ces indéfinis dans une catégorie plus large de ‘l’indéfinité’, du ‘dire-d’une-manière- pas-précise’ qui est TRÈS LARGE en latin, en fait! :

on dit que Servius a mangé un fruit: Servius dicitur edisse fructum.

Mais ‘on dit’: aussi: dicunt (ils disent), ou dicas (tu dirais).

‘Si quis dicit’ faut pas s’emmerder avec ‘si quelqu’un dit …’ si ON dit, c’est tout. 😡

Indefinité, quoi.


On peut penser que ce n’est qu’une question de construction grammaticale, mais en fait celle-ci influence la ‘pragmatique’ concrète de la compréhension du texte = notre capacité à comprendre, ou non, le texte. Car les possibilités sont plus larges qu’en français.

quidam: une certaine personne. (Expression française existe: un quidam est passé par la) Quodam die: un jour… 

Fama ait.    Vulgo …

alius… alius…alius…          

alter… alter ….    uterque

8. Une petite difficulté:

certa habent suum modum: les certitudes suivent leur propre modalité: suus, a, um signifie aussi leur/leurs, et ça grince un peu dans les oreilles d’un francophone. 

9. personne ne juge devoir recevoir ….  jamais judicat debere accipere… si la construction est avec prop. inf.: Nemo judicat se debere …

Donc on a parfois l’impression que la langue latine complexifie là où elle pourrait faire simple, mais ça suit la logique de la construction du verbe, en fait. 

10. Différencier le datif de l’ablatif souvent sans ab: ça, il faut le faire par le sens

(Je vais développer ce point bientôt, car il est très large)


 11. Les conjonctions de coordination semblent souvent avoir plusieurs sens et le lien logique entre les phrases n’est donc pas toujours évident. On se souvient tous de ‘autem’: or/mais. On a l’impression qu’il y a 1000 façons de dire ‘mais’: autem, sed, vero.

Autre exemple: interim: entretemps ET cependant (on voit que la langue lie les deux idées, en fait. Ce-pendant).

Comme en français: Dans le langage parlé, on dira: ‘entre-temps, je suis pas très content’, pour cependant…